Interdire l’accès à la propriété à un étranger ? Aux Îles Féroé, ce n’est pas un simple principe, c’est la règle sur laquelle repose tout le système foncier. Ici, la terre ne se vend pas au premier venu : chaque acquisition par un non-résident relève d’un parcours balisé, surveillé, où le droit de propriété s’obtient rarement, au prix d’une autorisation expresse du gouvernement local.
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Pourtant, tout n’est pas figé dans le marbre. Quelques dérogations existent, souvent à l’arrière-plan, réservées à ceux capables de démontrer l’ancrage d’un projet solide avec l’archipel, ou la volonté de s’y établir durablement. Les règles bougent, elles aussi, en écho avec les accords liant les Îles Féroé, le Danemark et l’Union européenne. Ce jeu d’équilibre, entre ouverture mesurée et protection du territoire, façonne l’accès à la propriété pour les étrangers.
Ce que révèle la législation féroïenne sur l’achat immobilier par des étrangers
Aux Îles Féroé, le marché immobilier ne ressemble à aucun autre : la propriété reste l’apanage des résidents. Un achat immobilier par un non-résident n’a rien d’un droit, même pour un citoyen européen. C’est une exception, accordée avec parcimonie, à la suite d’un examen minutieux par les autorités locales. Pour espérer acheter, il faut d’abord convaincre : projet d’implantation durable, mariage avec un habitant, création d’une activité utile à l’archipel… Les critères sont stricts, et l’administration ne transige pas.
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Ce régime immobilier vise à préserver le foncier : pas question de transformer l’archipel en terrain de chasse pour spéculateurs ou chasseurs de résidences secondaires. L’immobilier international ne fait pas la loi ici. Chaque dossier d’étranger est examiné à la loupe, car la stabilité démographique et la transmission du patrimoine priment sur l’afflux d’investisseurs.
Voici les points clés à retenir sur le fonctionnement du marché féroïen :
- Autorisation obligatoire de la part des autorités locales pour tout achat envisagé par un non-résident
- Absence totale de programme de résidence contre investissement
- Fermeture du marché aux acheteurs internationaux n’ayant pas de lien manifeste avec l’archipel
Impossible, à ce jour, d’envisager un investissement immobilier à distance, qu’il s’agisse d’une résidence ou d’un local commercial. Là où d’autres pays multiplient les dispositifs pour attirer les capitaux, les Féroé verrouillent leur marché. On est loin des « golden visas » européens : ici, l’insularité rime avec contrôle, et le logement échappe à la financiarisation.
Achat ou location aux îles Féroé : quelles possibilités concrètes pour les non-résidents ?
Pour un non-résident, dénicher une maison aux Îles Féroé relève de l’exploit. Le marché local, hermétique à l’investissement étranger classique, pousse vers d’autres solutions. L’achat immobilier est réservé à ceux qui décrochent un permis de résidence, délivré au compte-goutte. Pas de place pour les raccourcis : ni golden visa, ni mécanisme de résidence par investissement.
En pratique, la location de courte durée devient la voie de passage quasi exclusive. Le parc locatif se compose d’hôtels familiaux, de guesthouses, de quelques logements chez l’habitant. Mais l’offre reste modeste, surtout à Tórshavn, la capitale. Les plateformes mondiales affichent complet bien avant l’été : la demande dépasse largement ce que l’archipel peut offrir. Quant aux annonces de vente destinées aux étrangers, elles relèvent plus du mirage que de la réalité.
Pour ceux qui rêvent d’un séjour prolongé, mieux vaut savoir qu’aucun visa spécifique n’existe sans attache familiale ou professionnelle. Le permis de séjour s’obtient rarement, le plus souvent pour des raisons d’emploi ou d’études. Louer sur une année ne s’envisage que pour ceux qui répondent à ces critères très cadrés.
Face à ces contraintes, le fonctionnement du marché féroïen s’apparente à une bulle insulaire : priorité à la préservation des équilibres, priorité aux résidents. Pour les étrangers, la location saisonnière reste le seul choix réaliste pour s’immerger dans la vie locale, au moins pour quelques semaines.
Aucune fenêtre légale n’existe aujourd’hui pour un investissement immobilier
Mieux vaut être prévenu : l’accès au marché immobilier féroïen se révèle complexe, opaque et verrouillé. Les transactions se négocient hors des radars internationaux, souvent via des réseaux locaux. Avant d’envisager tout achat ou location longue durée, l’accompagnement par un conseiller juridique local fait figure de passage obligé. Comprendre la réglementation, la fiscalité, les restrictions spécifiques évite les mauvaises surprises.
La résidence par investissement ? Ici, l’idée même n’a pas droit de cité. Les démarches officielles s’adressent d’abord aux travailleurs, aux étudiants, ou à ceux qui prouvent un ancrage familial. Obtenir un permis de résidence impose de réunir des justificatifs solides, de patienter longuement, et de remplir des critères exigeants, y compris pour la famille accompagnante.
Une fois sur place, il faut se montrer prudent. La pleine propriété reste réservée aux citoyens ou aux résidents de longue date. Les locations saisonnières, très disputées, nécessitent d’anticiper la réservation, surtout dans les zones attractives comme Tórshavn, Vagar ou Streymoy.
Avant de signer, ces trois précautions sont à considérer :
- Vérification minutieuse de la durée et du statut du bail, qui dépasse rarement quelques mois pour les non-résidents
- Consultation d’un notaire féroïen avant tout engagement
- Prise en compte de l’ensemble des frais annexes : taxes, enregistrement, entretien, assurances
La fiscalité varie selon votre statut et la durée du séjour. Si, par exception, un investissement est validé, il impose souvent de conserver le bien plusieurs années pour ne pas perdre un éventuel droit de résidence. À noter : la réglementation change fréquemment. Rester informé des évolutions, notamment côté permis de séjour ou droits d’acquisition, s’impose pour tout candidat à l’installation.
Panorama 2025 : quelles alternatives de résidence en Europe pour les acheteurs internationaux ?
Détenir une maison aux Îles Féroé relève du parcours d’obstacles pour les non-résidents. À l’inverse, plusieurs pays européens mettent en avant des dispositifs d’accueil calibrés. Les programmes de résidence par investissement, ou « golden visas », conservent leur attrait, même si la carte se redessine chaque année.
Le Portugal a longtemps fait figure de modèle, mais le gouvernement resserre l’étau pour freiner la spéculation. En Espagne, un investissement immobilier de 500 000 euros ouvre toujours la porte, mais le Golden Visa disparaîtra en avril 2025. Grèce et Chypre restent plus accessibles (250 000 et 300 000 euros), avec la possibilité d’investir aussi dans des obligations d’État ou des fonds.
Voici les conditions proposées par plusieurs pays européens :
- Malte délivre une résidence permanente dès 150 000 euros investis en immobilier, achat ou location
- Italie favorise l’apport dans des start-up ou dans des titres souverains
- Lettonie combine accès à l’espace Schengen et investissement à partir de 250 000 euros, immobilier ou financier
Pour les entrepreneurs, la France propose le « Passeport talent investisseur » à partir de 300 000 euros et création d’emplois à la clé. Le Royaume-Uni, lui, mise sur l’innovation avec un visa accessible dès 50 000 livres sterling, même si la citoyenneté requiert une présence effective sur plusieurs années.
Chaque pays décline ses propres règles : montant minimal, régime fiscal, durée de détention des actifs, possibilité d’inclure la famille du demandeur. Certaines options, comme à Malte ou au Portugal, peuvent mener à la citoyenneté au terme de 5 à 10 ans. À chaque investisseur de composer selon ses ambitions, ses besoins de mobilité et ses priorités familiales.
Au bout du compte, les Îles Féroé persistent dans leur singularité, quand le reste de l’Europe s’ajuste, s’ouvre ou se referme, au gré des politiques migratoires et des enjeux économiques. Sur ces terres battues par le vent, la propriété reste un privilège farouchement gardé, un choix assumé, loin des standards continentaux.